Saõ Jorge, la pastorale…

Au matin du mardi 13 juin, notre programme semblait défini: rester une semaine supplémentaire à Horta, avant de rejoindre Ponta Delgada, sur l’île de Saõ Miguel. Mais aux carrefours des voyages sont les changements…

A la fin de la matinée du mardi 13 juin, nous contactons la petite Marina de Vellas, sur l’île de Saõ Jorge, à une vingtaine de miles de Faïal. Sans trop d’espoir, mais… on ne sait jamais. José, le garde du port, nous répond avec amabilité : une place pour un petit bateau comme Oswaldo est disponible dans la journée, sans garantie demain. Il est midi: sans hésitation nous prenons la décision de larguer les amarres!

Le vent est portant, Oswaldo avance à 7 kts. Le faîte de l’île de Pico, sentinelle veillant sur l’Archipel et plus haut sommet du Portugal, se découvre à notre passage.

En fin d’après-midi, la Marina de Vellas nous accueille. Tout autour de nous, des falaises arborisées, l’eau est claire, l’atmosphère d’un lac de montagne et dans la tranquille obscurité, la nuit s’annonce calme.

Nous faisons un petit tour dans cette nouvelle ville dans laquelle nous passerons une semaine. L’occasion de déguster les « limpets » (patelles, en français) une spécialité locale.

Premiers pas sur Saõ Jorge
Les « limpets », accompagné d’un « Pedras Brancas » de l’île de Graciosa

21h45: il nous semble entendre des plaintes? des cris d’enfants? des voix de dessin animé? Écoutez par vous-mêmes!

Le « chant » des Cagarros

Cette cacophonie est l’œuvre des Cagarros ou puffins cendrés (cliquer sur le lien pour plus de détails), oiseaux emblématiques des Açores. A la nuit venue, et jusqu’à l’aube, les volatiles se réfugient sur les falaises au dessus desquelles ils tournoient en poussant des cris, évoquant un gémissement ou des lamentations gutturales.

Au matin, le soleil se lève sur les eaux cristallines de la petite Marina, les cagarros font place aux chants des oiseaux diurnes. Quant à nous, nous sommes prêts à découvrir notre nouvel environnement.

Marina de Vellas

L’île de Saõ Jorge ressemble à la colonne vertébrale d’un dinosaure. Un paysage volcanique spectaculaire, avec de profonds ravins et des falaises escarpées le long de la côte.

« Entre muros », falaises de Velas

L’île est d’origine volcanique et est dominée par le Pico da Esperança, le point culminant, qui atteint environ 1 053 mètres d’altitude.

C’est une île pastorale, bucolique, verte. agraire.

Les hauteurs sont composées de pâturages à perte de vue, clôturés de murets que décorent des buissons d’hortensias fleuris. Le fromage de Saõ Jorge est par ailleurs fort apprécié dans l’ensemble de l’Archipel (et par nous aussi!).

C’est à nouveau sur un deux roues que nous nous élançons sur les routes sinueuses bordées de lys et d’hortensias.

Nous rejoignons l’extrême ouest de l’île, où l’on trouve les vestiges d’un petit local utile aux vigies qui repéraient les baleines à l’époque où la chasse était une base de l’économie des îles des Açores. Le soleil brille, mais lorsque nous empruntons les voies du nord, une brume se lève et la pluie menace. Il est courant de dire que l’on expérimente les 4 saisons au cours d’une journée, et c’est bien vrai! Sauf que durant notre séjour, l’automne fut la saison privilégiée 😅. Par chance, les marins ont des cirés….

Peu de villes sur Saõ Jorge, de petits villages surtout. Outre Velas, la plus grande, considérée comme la capitale, on trouve Calheta, une petite ville côtière située sur la côte sud de l’île, connue pour port naturel (photo de Pierre-Benoît sur le scooter), et Urzelina, proche Velas.

Les falaises d’Urzelinas

Ce premier tour nous offre un aperçu géographique de l’île: les verts pâturages sur le plateau et, nichés tout au bas des falaises, de petits hameaux entourés de jardins, les fajãs.

Fajã de Santo Cristo et ses piscines naturelles

Les fajãs sont des plaines côtières étroites et fertiles situées au pied des falaises abruptes qui bordent l’île. Elles sont formées par des éboulis et des coulées de lave qui ont dévalé les pentes volcaniques jusqu’à la mer au fil des siècles. Elles offrent des paysages bucoliques, spectaculaires, avec une végétation luxuriante, des champs cultivés, des cascades et des petites criques. Autrefois, ces petits villages étaient isolés, accessibles uniquement par la mer ou par des sentiers escarpés, que l’on peut suivre encore aujourd’hui.

Fajã de Vîmes et son école
Vignobles en bordure de mer
Jardins de bord de mer: fruitiers, bananiers, ananas et vignes

Nous avons l’impression que ce sont un peu nos mayens inversés…

Après une semaine de pérégrinations sur ce morceau de terre champêtre, il est temps de penser à la suite. Notre prochain objectif: Ponta Delgada, sur l’île de Saõ Miguel, qui est également l’aboutissement temporaire de notre voyage. Nous avons décidé de laisser Oswaldo aux Açores pour avoir le temps, l’année prochaine, de rejoindre à nouveau les Canaries, notre coup de ♥️ dans ce voyage. La boucle sera bouclée.

Mais en attendant, nous ne savons pas encore si et comment la Marina de Ponta Delgada peut nous accueillir pour un hivernage….

La météo est favorable et le jour le plus long de l’année sera parfait pour une traversée de 135 miles. A neuf heures, nous quittons la jolie Marina de Velas. Oswaldo a le vent en poupe. Nous avançons à 7 – 8 noeuds, sans trop de houle.

Avec des pointes jusqu’à 9 kts!

Le jour s’efface, lentement. Le soleil dore nos voiles.

Un fin croissant de lune se lève, la nuit est presque claire, étoilée. Les astres nous accompagnent pour la dernière traversée de notre voyage, notre dernière nuit sur l’océan…

Les constellations de notre nuit

À huit heures du matin, le jour est déjà levé depuis 2 heures et la Marina de Ponta Delgada se profile devant nous. Une belle navigation à une moyenne de 6 noeuds… Après un échange avec Carlos Santos, responsable de la Marina, nous sommes soulagés de savoir qu’Oswaldo a une place dans ce port, pour un mois, pour un an…

Ponta Delgada

Publié par Mireille et Pierre-Benoît

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