Au jour le jour sur Karoukera…

L’île de la Guadeloupe, Karoukera de son appellation amérindienne, est composée de deux îles principales, Basse-Terre et Grande-Terre, séparées par un bras de mer, la Rivière Salée.

Grande-Terre est plus plate que Basse-Terre, avec de vastes plages de sable blanc et une mer turquoise.

Le Petit Havre, non loin de l’ìlet Gosier

Quant à Basse-Terre, elle est montagneuse et volcanique, avec une forêt tropicale dense.

Vue depuis le Morne Léger, Basse Terre

Deux entités contrastées et complémentaires que nous avions hâte de découvrir….

Le carénage d’Oswaldo terminé, nous nous sommes, dans un premier temps, réfugiés au mouillage d’îlet Gosier. Météo France annonçait une vigilance orange, une météo perturbée, pluies intenses et vents forts. Solidement ancrés dans notre domicile flottant, nous avons attendu 4 jours qu’une accalmie se profile.

Des vents à 85 km/h!

Cette escale non planifiée fut profitable à nos premières randonnées sur Grande-Terre.

Première découverte, la Pointe des Châteaux, dans la commune de Saint-François. Une avancée de terre qui s’étend sur environ 10 kilomètres et qui offre un panorama spectaculaire: des falaises abruptes, des plages de sable blanc, un paysage sauvage et un point de vue incroyable sur les Saintes, la Désirade et Marie-Galante, 3 îles rattachées à la Guadeloupe.

Notre Dacia Sandero nous emmène ensuite vers Le Moule, au nord de Grande-Terre. Préservé des foules, ce petit village authentique, « Ouatibi-Tibi » (grenouille) en amérindien, a été le port principal pour le commerce du sucre. La distillerie Damoiseau non loin de là est encore un témoin de cette activité centrée sur la canne à sucre.

Bâtiments de style créole à Le Moule
Vestiges de l’ancien Port

Le lendemain, une jolie randonnée de 3 heures le long du sentier du littoral de Saint-Félix nous offre un paysage qui alterne mer, étangs et pâturages. Nous observons un rituel de couple bien improbable: à toute vache qui broute, enchaînée à un piquet, est liée une grande aigrette qui semble la courtiser. Maintes hypothèses traversent nos pensées, mais impossible de comprendre cette incroyable association…

Il est désormais temps de rejoindre, une dernière fois, la Marina de Bas-du-Fort. Nous y avions réservé une place pour Oswaldo il y a fort longtemps. Nous décidons de réduire notre séjour, le temps de faire quelques courses dans un temple de la consommation insulaire (une gigantesque réunion de commerces européens Décathlon, Carrefour, Brico-Centre, etc….) en prévision, notamment, de notre prochaine traversée retour. Avec étonnement, après 9 mois de sevrage, nous y retrouvons de vieux réflexes d’usagers des grandes surfaces… et le plaisir de s’approvisionner de quelques produits peu fréquents dans notre voyage (fromages, saucisson!!!!) ….

Samedi 25 mars, départ vers Basse-Terre, direction la petite Marina de Rivière Sens. C’est une surprise de taille qui nous attend au cours de cette navigation un peu chahutée par une succession de grains. A la hauteur des îles des Saintes, une baleine à bosse et son baleineau nous font le show! Extrayant ses 25 – 45 tonnes de l’eau, à trois reprises, elle surgit des vagues pour retomber dans une gerbe d’eau salée. Un spectacle émouvant que nous avons le temps d’apprécier pendant quelques minutes. Un véritable cadeau.

Encore émus par notre rencontre maritime, nous nous amarrons dans la tranquille Marina de Rivière Sens. L’atmosphère y est familiale. Très vite nous trouvons nos marques. Nous nous y sentons bien. Un lieu idéal pour poursuivre nos explorations de la Guadeloupe.

Marina de Rivière Sens

A côté de nous, Emma et Louis, deux jeunes navigateurs, s’affairent sans relâche à la réparation de Blue Djinn, le voilier qu’ils ont acquis en Martinique il y a quelques mois. Pas de chance pour eux, diverses avaries (dont une rupture d’étai) les contraignent à des réparations qui semblent s’enchaîner sans fin. Courageux et tenaces, de 07 heures du matin à 19 heures, ils espèrent se rapprocher du moment où ils pourront enfin reprendre la mer et poursuivre leur rêve vers les Bahamas…. et c’est ce que nous souhaitons pour eux, au plus vite!

C’est au volant d’une « Itroen », qui a déjà parcouru bien des kilomètres, que nous irons découvrir Basse-Terre…

Pas à pas, sur des traces (sentiers) bien indiquées, nous apprenons à connaître ces terres de contrastes et d’intensité. En premier lieu la Souffrière, le point culminant des Petites Antilles (1467 m), inlassablement drapée de brumes. Des parfums de souffres escortent nos pas jusqu’au sommet, que nous ne verrons pas, tant le brouillard est épais…

Dans Monts Caraïbes, et sur les traces de la Traversée (route qui coupe Basse-Terre de haut en bas), s’alternent forêt sèche et forêt humide. Cette dernière porte bien son nom… à peine l’avons-nous pénétrée, qu’une pluie tiède se met à fendre le toit de verdure. Noire ou parfois teintée d’ocre, la terre se transforme en boue glissante, la montée dans la végétation tropicale est pénible, on s’accroche tant qu’on peut aux racines, aux branches, aux troncs. Accompagnés d’un joyeux tintamarre de grenouilles en fête, la progression est lente dans cette jungle qui ressemble à un jardin de plantes d’intérieur géantes…

Fleur de bananier sauvage
Palmiers, bambous, etc.
Témoin des traces boueuses!

Tout au nord, le littoral balayé par des vents soutenus, découpe les côtes et guide la croissance des végétaux. Les turquoises se mêlent aux verts des pâturages. Dans les embruns, des vaches, accompagnées de leurs fidèles aigrettes….

Mais arrive le temps où il nous faut quitter Karoukera, après un mois de vagabondage… Les îles du nord nous attendent. Le 15 avril, nous nous réjouissons de retrouver Julie, Arthur et de faire la connaissance de Robain, notre petit-fils. Tous les trois viennent nous rendre visite sur l’île de Saint-Martin. Il nous faut donc planifier notre navigation au mieux en fonction d’une météo plutôt changeante.

Nous avons quitté aujourd’hui lundi 3 avril l’accueillante Marina Rivière Sens, en souhaitant le meilleur à nos voisins, Emma et Louis. La Souffrière nous offre sa dernière parure de nuages. Sous le vent de l’île, Eole joue à cache-cache dans les vallées. Il faut s’adapter en continu, la navigation est plutôt ludique.

La Souffrière

Nous passons, avec un certain pincement au coeur, devant Malendure et la réserve Cousteau.

L’îlet Pigeon, la réserve Cousteau

Nous souhaitions nous y arrêter, mais avec les caprices de la météo, nous devons saisir l’opportunité des vents favorables de mardi pour rejoindre notre prochaine destination, l’île d’Antigua. Nous passerons encore une nuit en Guadeloupe, devant le charmant village de Deshaies.

Deshaies

Demain, très tôt, il faudra lever l’ancre pour parcourir les 46,3 miles qui nous séparent de Jolly Harbour sur l’île d’Antigua. « C’est une de mes îles préférées » nous a confié Maurice en nous offrant le pavillon que nous hisserons sous peu…

Publié par Mireille et Pierre-Benoît

Navigateurs

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